
Des ami.e.s viennent ce soir dîner à l’improviste, que va-t-on leur faire à manger ? À pied ou à vélo dans la Tri’City, les enfants partent faire leurs courses dans les commerces locaux, puis s’installent dans la cuisine pour concocter plats et gâteaux. C’est l’aventure proposée par Tri’Cycle, le jeu conçu par Sikle pour l’Eurométropole de Strasbourg pour sensibiliser les enfants au tri des déchets.
Les plus grand.e.s sont invitées à parcourir Organi’Cité pour découvrir le réseau qui relie les différents acteurs impliqués dans le traitement des déchets à l’échelle d’une ville.
Dans le cadre du marché public remporté par Sikle pour la mise en place d’un point d’apport volontaire mobile de biodéchets pour les habitants, l’Eurométropole a demandé à l’équipe de développer un outil de sensibilisation sur le tri à destination des enfants. Nina et Alain de l’équipe Sikle, l’une designer graphique et l’autre designer objet expérimenté en conception ludique, se sont lancé.e.s sur le projet. C’est ainsi qu’est né Tri’Cycle, dépassant par sa qualité toutes les attentes de l’Eurométropole. Organi’Cité a suivi afin d’élargir le public visé et d’aborder la question des biodéchets de la manière la plus fine possible. Voici l’histoire de leur conception.
Les deux outils ayant vocation à être présentés sous forme de stands lors d’événements spécifiques, une des contraintes principales était de les rendre attractifs pour un public de passage. Un design impactant et une mécanique de jeu facile à appréhender se sont donc imposés comme des nécessités. Autre chose importante : les deux outils souhaitent créer de la discussion entre les participant.e.s et favoriser les échanges et le débat !
L’aspect pratique a été également pensé dans les moindres détails : ils sont faciles à déployer, à replier et à transporter, mais ils sont surtout autonomes, donc très adaptables au lieu d’installation.

L’objectif de Tri’Cycle était d’intéresser un public très large. Les tout petits, même sans aucune notion de tri des déchets ni capacités de compréhension, peuvent déjà apprécier la manipulation des aliments en bois, colorés et ludiques. Des enfants un peu plus grands vont pouvoir apprendre plein de choses sur le tri, le compost, les déchets (et comment en produire moins). Sans oublier les parents qui peuvent jouer avec leurs enfants, s’amuser de leur capacité à détourner les objets et créer des souvenirs communs avec eux.
Pour ne pas effacer la réceptivité des joueur.euse.s, il fallait éviter que le jeu repose sur un principe de compétition avec gagnant.e.s et perdant.e.s : tout le monde réussit à rassembler ses ingrédients, cuisiner sa recette et trier ses déchets, et les enfants sont tellement enthousiastes que certain.e.s veulent recommencer le jeu jusqu’à avoir fait le tour des variantes !
Concevoir un outil destiné aux adultes, tout en restant accessible aux enfants, impliquait de se poser de nouvelles questions : comment s’adresse-t-on à un.e adulte ? Comment éviter la pression sociale qui les empêche de s’intéresser à des jeux aussi aisément que les enfants ? Alain et Nina ont tenté de créer un “serious game” permettant aux participant.e.s d’explorer en autonomie, sans règles du jeu, en laissant libre cours à leur curiosité. Pour s’adapter à ces contraintes, difficile de définir un contenu qui permette de donner une cohérence à une multitude d’informations. À l’issue d’un travail conséquent de scénarisation est apparue une mécanique de jeu, des correspondances entre les cartes présentant les divers acteurs de la vie des biodéchets ont émergé, révélant une trame organique entre eux : c’est de là que vient le nom “Organi’Cité”, non seulement les déchets dont on parle sont organiques, mais aussi la ville, qui présente une organicité entre ses acteurs. On peut y jouer seul.e, mais c’est en interaction avec d’autres personnes qu’Organi’Cité prend tout son sens, servant de support de discussion et de partage, notamment grâce au travail de médiation de l’animateur.ice, qui vient apporter des connaissances supplémentaires et enrichir le débat.
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